Bien manger et du local. Le phénomène a le vent en poupe. Nataniel y a vu un créneau et a eu le courage de franchir le pas de la reconversion : avec « Le meilleur est dans le frais », au volant de sa camionnette, il livre des produits locaux. Et, plus encore, favorise du lien social.
Dehors, un crachin à vous tremper le caleçon. Allez, bien manger mérite bien un petit sacrifice. Jean-Marc, en chemise, prend le temps de scruter l’étal de la camionnette : « Les produits sont sympas, lui aussi, donc on revient. » Simple équation d’un riverain de la rue de La Bruyère, à Saint-Amand-les-Eaux. Un fidèle de la première heure : éloigné du centre, ce commerce ambulant est un (bon) appoint, en milieu de semaine, à ses courses du week-end.
Nataniel Faelens s’est garé au pas de la porte. Sa journée a débuté à 4 heures, comme tous les mercredis, pour s’approvisionner en produits frais. C’est la grosse journée de la semaine pour le distributeur ambulant de denrées locales (fruits, légumes, charcuteries, viandes, fromages…) et plats cuisinés. Le quadragénaire sillonne le Valenciennois – pour l’instant l’Amandinois, en particulier – depuis mi-avril. Une reconversion, après dix ans dans la restauration rapide puis six à la direction d’un parc d’attractions de la métropole lilloise. Seize années de commerce qui ne l’ont pas fait hésiter : « Pour faire ce boulot, il faut aimer les gens. Le contact humain, c’est mon truc. » Le terroir et ses bons produits, aussi. « Je ne suis pas le seul commerçant ambulant, même si on n’est pas nombreux. Mais je suis le seul à jouer la carte du local. »
Le corps de ferme de Lecelles où il habite avec sa famille, depuis 2006, lui a fourni les indispensables laboratoire, chambre froide et camionnette. Plus « qu’à » trouver les fournisseurs : les endives et les fraises d’un voisin de Lecelles, les pommes de Raismes, les patates du beau-père, les légumes d’Aubry-du-Hainaut, la viande avesnoise de Cevinord, les œufs et volailles de Landas… Puis penser et adapter les plats cuisinés (de saison, forcément). Et enfin se faire connaître, fidéliser les clients, créer et ajuster les tournées. Pas simple, même si « mieux manger et du local, les gens ont envie de revenir à ça. »
Dans cette rue de La Bruyère (première étape d’une des quatre tournées), le commerçant ambulant a trouvé ses habitués. Actifs ou retraités, aux quatre coups de klaxon familiers ils se pressent à la camionnette. Bien sûr, il y a la transaction financière. Mais les sourires, les nouvelles, les coups de main, eux, ne s’achètent pas. « Pour certaines personnes, seules, on représente la seule visite de la semaine. » Annick, retraitée, ne loupe pas « ces bons produits sur le pas de la porte ». Même si, pas de bol, ce jour-là, plus de Comté. Très pratique pour Pascale, aussi, convertie aux fameux yaourts. L’infirmière s’en félicite : « On mange des produits frais et locaux que l’on n’aurait pas le temps d’aller chercher lorsqu’on travaille. »
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